Lorsque le projet "Mon Corps a une Histoire" a été lancé, en avril 2014, j'ai très vite reçu des témoignages de France et de Belgique.
Brigitte est l'une des premières à m'avoir écrit *.
Quelques semaines plus tard, elle me recevait chez elle pour un "Moment de Partage Photographié".
(* publié avec son autorisation)
" Bonjour Arthy,
Mon éducation judéo-chrétienne m'a appris que le corps c'est sale, en fait, que tout ce qui se rapporte au corps est sale, honteux, inacceptable et démoniaque ...
A 11 ans, j'avais des seins, 110, des poils pubiens ... le honte ... Une opération de l'appendicite dans une clinique de bonnes soeurs, quand elles ont vu mon corps, elles ont été prises d'effroi, elles m'ont rasée à sec du nombril jusqu'aux genoux.
Sur le chemin de l'école, les vieux vicelards, la bave aux lèvres, m'appelaient ma p'tite, elle est mignonne ma p'tite, et leur mégère de femmes me traitaient de salope, et puis je marchais les bras croisés, la tête penchée pour me cacher de ces gens.
Et j'ai grandi, la vie m'a chargé de colère cristallisée en un cancer, puis un autre, et un suivant et le dernier.
Un jour, j'ai décroisé les bras et je me suis cachée derrière le maquillage, les colorations, les talons aiguilles, les vêtements cintrés, le sport à outrance ...
J'étais qui ? ...
Un ami m'avait pris en photo topless, à l'insu de mon plein gré, sur une plage du sud. Je l'ai traité de pauvre dégénéré. Maintenant, je le remercie, car c'est la seule photo que j'ai de moi avant l'attaque du crabe.
Aujourd'hui, je m'aime, je respecte mon corps tel qu'il est, sans artifice, avec mes cicatrices.
Je le remercie chaque jour de porter mon âme et je prends soin de lui, de moi, de mon âme.
Mon corps est Divin.
Voilà, et ça me ferait grand plaisir de participer à ce projet.
Joyeusement
Brigitte "